spectacle
conçu et réalisé par
hugo verrecchia
Mise en scène :
Hugo Verrecchia
Assistante :
Florence Russo
Musique :
Richard Strauss
Costume :
Nicole Escoffier
Lumières :
Jean Richy-Maury
Avec :
Hugo Verrecchia
voix enregistrée :
Jacques Boutry
L’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhomme, une corde tendue au-dessus d’un abîme.
Ce qu’il y a de grand en l’homme, c’est qu’il est un pont et non un but.
Il est dangereux de le franchir, il est dangereux de s’arrêter en route, il est dangereux de regarder en arrière.
J’aime ceux qui ne savent pas vivre sans se perdre, car ce sont eux qui passent de l’autre côté du pont.
En vérité, je vous le dis :
je suis Zarathoustra,
le prophète de la foudre,
de la foudre qui tombe comme
un éclair de cette nuée ardente,
un éclair qui s’appelle
le Surhomme.
C’est la nuit : maintenant, comme une source jaillissant de mon corps, s’élance mon désir.
C’est la nuit : maintenant toutes les fontaines jaillissantes parlent plus fort.
Fontaine jaillissante, mon âme l’est aussi.
C’est la nuit : maintenant seulement s’éveillent tous les chants des amoureux.
Et mon âme est aussi le chant d’un amoureux.
Et pourtant, mon cœur, brûlé par ce soleil torride et mélancolique, mon cœur desséché a soif de ta fraîcheur !
Adieu, tristesses hésitantes de mon printemps ! Adieu, flocons neigeux d’un juin perfide !
Je ne suis plus qu’été, et midi de l’été... Un été sur les sommets avec des sources froides et un silence radieux.
Oui, venez, mes amis, que ce silence soit encore plus comblé de bonheur !
En vérité je vous le dit :
il faut encore porter en soi le chaos,
pour mettre au monde
une étoile dansante.

Ne plus vouloir, ne plus apprécier et ne plus créer : puisse cette grande lassitude m’épargner toujours !
Dans la recherche de moi-même, je ne sens que la volupté de ma volonté à procréer et à devenir : et si il est une innocence dans mon savoir, c’est qu’il contient la volonté de procréer.
Cette volonté m’emporta loin de Dieu et de tous les dieux...
En vérité je vous le dis : que resterait-il à créer, si les dieux existaient ?
Mais, le fervent désir de créer me ramène toujours vers l’homme.
Hommes, écoutez-moi !
Dans la pierre dort pour moi seul une image, l’image des images !
Hélas, pourquoi dort-elle dans la pierre la plus laide et la plus dure ?
Et voici que mon marteau se déchaîne cruellement contre la prison de cette image. Des éclats de pierre volent, pulvérisés : que m’importe ? Elle est là.
Je la veux achever, car la beauté du Surhomme, un jour, m’a visité sous la forme d’une ombre silencieuse, une ombre douce et légère, une ombre de lumière...
Alors mes frères que m’importent encore : les dieux ?

Je vais parmi les hommes
comme parmi les fragments du futur,
de ce futur où plonge mon regard.
Ma seule ambition de poète est de recomposer,
de ramener à l’unité,
ce qui n’est que fragment,
énigme,
effroyable hasard.
Je veux me joindre aux créateurs,
je veux leur montrer l’arc-en-ciel
et tous les échelons qui mènent au Surhomme.
Je veux leur apprendre à se libérer de l’esprit de lourdeur.
Je veux simplement enseigner aux hommes le sens de leur existence.
2006